Marc Boutin : un paysan en quête de vérité mais en héraut de l'agriculture citoyenen et solidaire.

Marc Boutin a été président fondateur du CDJA du Pas de Calais de 1961 à 1968, de la SAFER de 1968 à 2001, maire d'Ambricourt de 1973 à 2001, vice-président de la communauté de communes de Fruges durant ses deux derniers mandats électifs. Il a mis à profit une retraite bien méritée, après plus d'un demi siècle de bons et loyaux services au service de la terre, pour écrire un livre en forme de plaidoyer sur l'agriculture et son évolution. Sans concession, mais au contraire avec beaucoup de lucidité de la part d'un paysan, qui s'est investi corps et âme, avant de s'apercevoir qu'il avait peut-être fait chose route et de se remettre en cause. Son livre "un paysan en quête de vérité " est un véritable cri d'alarme pour une profession qui à ses yeux a perdu son âme et sa raison d'être pour devenir une machine à produire. Sans respect de l'environnement et de la nature et surtout de l'homme. Son livre se veut également être une belle leçon de choses avec l'évocation d'une autre époque, et de la dure réalité du monde agricole au travers son parcours personnel. Marc Boutin a été très jeune confronté au métier de paysan, mais il en garde un souvenir émerveillé. Une enfance heureuse mais laborieuse à St Georges, le fief de la famille Eudore Boutin. Avec les travaux des champs et les chevaux boulonnais de traits qu'il conduisait par attelage de 6, l'apparition des premiers tracteurs démarrant à la manivelle et les premières réunions de la JAC (jeunesse agricole chrétienne) qui seront déterminantes pour son engagement syndical. En 1959 il débarque à Ambricourt avec arme et bagage et son épouse Marie-Louise, pour reprendre une ferme de 70 hectares. Dans un "drôle de petit pays" qui pourtant marquera à jamais sa vie. Il s'implique alors au sein du CDJA (centre des jeunes agriculteurs) qui revendiquait déjà à l'époque sur les prix du lait, de la viande et dénonçait l'exode rurale, l'inorganisation des filières. En 1968 il quitte la présidence du CDJA pour celle de la SAFER Flandres -Artois (sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) contrôlant et garantissant les prix et droits de chacun pour la vente des terres agricoles. Un peu visionnaire avant l'heure, ses idées ont quelque peu "révolutionné" le milieu agricole voulant garder ses prérogatives. De ces années de militantisme il garde cependant un goût amer : les évolutions techniques, mécaniques, chimiques de l'agriculture ont conduit à la surproduction et le paysan est devenu l'esclave de la grande distribution et du marché mondial. Introduit dans de nombreuses instances dirigeantes il a également pu juger des mentalités parfois rétrogrades ou intéressées de certains, faire face à quelques trahisons. Son engagement sans faille lui a valu aussi des inimitiés avec des prolongements jusque dans sa vie professionnelle. Il en profite au passage dans son livre pour égratigner le monde de la finance et les institutions en place. Mais aussi des rencontres formidables qui l'ont incité à poursuivre dans la voie qu'il s'était tracée. Après toutes ces années et de perpétuelles remises en cause, il veut encore croire en l'avenir de la profession. Il retrouve alors des raisons d'espérer en se rapprochant du mouvement des Verts et de Marie-Christine Blandin. L'agriculture biologique lui redonne l'envie d'entreprendre. Il se fait aussi le chantre des énergies renouvelables en lançant le premier programme d'éoliennes dans le canton. Et surtout en combattant les O.G.M. : le pire ennemi en agriculture à ses yeux. Ses terres et sa ferme sont désormais occupées en partie par sa fille Christine ainsi que par une pépinière d'entreprises. Toujours fidèle à son image l'ami Marc.