La Poste est actuellement en ébullition : privatisation, suppression...

La situation actuelle à la Poste n’est pas sans rappeler celle de France télécom au tout début de sa réforme (privatisation). Management, commercialisation à outrance aux dépens de la qualité de service, suppressions d’emplois, de bureaux,….
Et la Poste n’est pas encore privatisée !
A tel enseigne que le président Bailly s’est senti obligé d’écrire à tous les postiers pour les … rassurer.
Mais ses propos comme ses promesses sont démentis sur le terrain !
Les Postiers vont se réunir cette semaine pour étudier les suites à donner à leur mouvement.
En attendant voici la réponse à la lettre de leur président ;

Monsieur le Président,

Nous vous faisons une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps.
Nous venons de recevoir votre courrier en date du 09/09/09 qui aurait pu nous mettre un peu de baume au cœur.
Il aura cependant fallu attendre 23 suicides de nos (ex) collègues de France Télécom pour que vous daigniez enfin sortir de votre tour d’ivoire et vous intéresser à la situation de la Poste sur les « Terrains » que vos collaborateurs sont en train de mettre en place, avec beaucoup de zèle pour certains.
Seulement de la coupe aux lèvres il y a souvent un grand mur d’incompréhension.
Et nous ne pouvons, à notre grand regret, accorder aucun crédit à vos belles intentions prises, certainement, sur le coup de l’émotion à la suite de la situation actuelle vécue à France Télécom … et un rappel des pouvoirs publics.
Votre réaction démontre seulement que vous craigniez que le « syndrome France Télécom » ne gagne un jour, comme la grippe A, La Poste.
En effet de fermeture de bureaux en réduction de personnels, de la diminution d’amplitude horaire à la suppression d’heures de guichet : la charge devient de plus en plus lourde et insupportable pour les postières et les postiers.

Aux prises avec le stress, sous la pression de certaines méthodes managériale et commerciale qui frisent le harcèlement (visiteur mystère) ; de plus en plus isolés dans les bureaux ou carrément seuls, au mépris de leur sécurité ; devant faire face à une dégradation sans précédente de la qualité des services postaux ; comme de leurs conditions de travail.

Et vous avez peut-être raison d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard !
Avant la privatisation !

Mais quel crédit peut-on accorder à vos « belles paroles (ou écrits) ».

Quelques exemples.
Vous : « j’ai décidé, au moment où vont s'engager les discussions avec les syndicats au sein des métiers, que l’ensemble des actions conduites s'inscriront dans les principes suivants ... la nécessaire évolution des organisations se fera en concertation locale avec la volonté de préserver la santé et les rythmes de vie ».
Réalité : Sur le Terrain d’Hesdin la nouvelle organisation supprime carrément et ne prévoit plus aucune journée de repos complète hebdomadaire pour le personnel, avec travail six jours sur sept. Au mépris entre autre de l’accord social signé par certains syndicats en juin dernier.

Vous : En outre, les évolutions nécessaires pour nous adapter aux attentes de nos clients et de notre environnement seront conduites avec la volonté permanente de, respecter et de conforter ensemble de nos misions de service public.
Réalité : Chaque jour 3 bureaux ferment leur porte en France depuis le début de l’année. Le nombre d'agences postales communales et de relais de poste commerçants s'élève au 30 juin 2009 à 6 145. Cela représente donc la fermeture de 485 bureaux depuis le début de l’année. II s'agit d'une accélération du désengagement de I’ entreprise publique des zones rurales ou des quartiers jugés insuffisamment rentables. Depuis juin 2006, nous assistions à la fermeture de 343 bureaux par semestre (il existait 4 428 agences postales communales et relais poste commerçants au 30 juin 2006). Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas des files d'attente dans les bureaux de poste qui effectuent toutes les prestations ! Et chaque jour 42 emplois de postiers sont supprimés et une situation de l’emploi tout aussi catastrophique, avec 7 416 emplois détruits en 6 mois, soit autant que le nombre de suppressions d'emplois enregistre pour toute l’année 2008 !
Sur le Terrain d’Hesdin et environs proches:
- Embry, Blangy sur Ternoise, Heuchin, Maresquel : transformation en Agence postale communale (en partie à la charge de la municipalité).
- Anvin, Fauquembergues, Hucqueliers, Campagne les Hesdin : suppression d’emplois, réduction d’horaires.
- Fruges, Beaurainville : le processus est engagé avec suppression d’emplois et d’heures de guichet.
- Hesdin : diminution de l’amplitude horaire des guichets.

La désertification postale s’accentue, les missions de service public disparaissent, ainsi que l’égalité d’accès des citoyens aux services postaux…..

Vous : « Pour mieux assurer l’avenir de notre entreprise et de nos emplois, il ne suffit pas d'être plus performant, il faut aussi pouvoir investir, se moderniser et se développer. II faut avoir plus de capitaux publics et plus de possibilités pour saisir les opportunités. C'est le sens du changement de statut en vue d'augmenter notre capital pour permettre nos projets de développement. »
Réalité : ce qui veut dire privatisation avec l’entrée de capitaux privés, à plus ou moins long terme, et le « début de la fin » de la Poste comme à France Télécom (même processus au départ) avec les excès que l’on a connus (pertes financières) et qui se déroulent encore de nos jours (43 suicides en 18 mois). Pour les actionnaires, seule la rentabilité compte (minimum 15% pour les fonds de pension américains) et on supprimera encore des bureaux et des emplois…. De 19 000 bureaux au siècle dernier on arrivera à 3 000 bureaux en France (objectif recherché ?) …… alors que la population est passée de 40 millions d’habitants à 60 millions de nos jours !

Vous : « dans le cadre de cette évolution, je serai particulièrement attentif à ce que les droits et statuts du personnel soient intégralement préservés ».
Réalité : Depuis plus de 15 ans, les agents ayant conservé leur grade de reclassement, sont spoliés d'un droit reconnu pour tout fonctionnaire, celui de pouvoir bénéficier d'un avancement de carrière. Par un arrêt du 7 mai 2008, le Conseil d'Etat avait déjà réaffirme le droit à la promotion interne de tous les agents fonctionnaires, en vertu de l'article 26 de la loi du II janvier 1984 (loi sur le statut général des fonctionnaires), y compris dans les corps sans recrutement externe. Le Conseil d'Etat avait déjà ordonné au gouvernement et à La Poste de modifier les décrets des corps de reclassement pour permettre la promotion interne vers les grades de reclassement. Par un arrêt du 11 décembre 2008, le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction, confirme cette décision et donne un délai de 9 mois à l'Etat et à la Poste pour se mettre en conformité : « II est ordonne au Premier ministre de prendre les décrets introduisant les dispositions nécessaires permettant la promotion interne à I’ intérieur des corps « de reclassement » de La Poste et au président du conseil d'administration de La Poste de prendre les mesures d'application nécessaires à cette promotion interne dans un délai de neuf mois a compter de la lecture de cette présente décision ». Concrètement, le gouvernement et la direction de La Poste devait, avant le 11 septembre 2009, sortir les textes permettant avancement et promotion sur les grades de reclassement. Là non plus vous n’avez rien fait.

Etc, etc, etc…

Alors autant en emporte le vent car les (belles) promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Mais pas nous. Ainsi nous continuerons à défendre nos conditions de travail, comme ceux de la Poste en milieu rural. Nous nous tenons cependant à votre disposition pour vous expliquer le fonctionnement d’un bureau en milieu rural.
En espérant n’avoir pas abusé de votre précieux temps nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en notre considération distinguée.