L'AS Fruges entre la nostalgie du passé et les promesses.

L'AS Fruges ne laisse personne indifférent. Il lui manque cependant ce petit quelque chose qui fait la différence. Cette foi qui renverse les montagnes, cette force et cette volonté qui bousculent l'ordre établi des choses. Mais à l'image de ces derniers présidents, elle se veut avant tout formatrice et défenderesse de certaines valeurs du football auprès des jeunes notamment.

Historique.
En 1922 : deux clubs voyaient le jour à Fruges : l'USF (Union sportive frugeoise) et l'ASF (association sportive frugeoise). L'une est une équipe de patronage et l'autre laïque. En 1930, ils fusionnent en prenant la dénomination de l'un et les couleurs de l'autre. Ainsi naît l'ASF aux couleurs "rouge et noir", affiliée à la Fédération française. Après de nombreuses saisons avec des hauts et des bas, et un titre en 3ème division dans les années 50, Alfred Boulant, en 1964, prend la présidence. Il en fera un club moderne avec de solides fondations qui perdure encore actuellement En 1971 Michel Engrand lui succède jusqu'en 1988 ou Jean-Marc Bigot entre en scène.

Heure de gloire.
Le club a connu son heure de gloire dans les années 80 avec à sa tête Jean-Marie Chrétien, figure emblématique qui lui a donné ses lettres de noblesse et ses titres. Cet ancien joueur, professeur au collège, savait tirer la quintessence de ses joueurs. Appliquant avant l'heure des méthodes modernes et pédagogue dans l'âme, il mobilisait toutes les qualités morales et physiques de chacun d'entre eux. l'AS Fruges était alors crainte sur les terrains de la région. Avec notamment dans les buts Jean-Marie Delmotte, la mémoire vivante du club, un rempart infranchissable qui gagnait des matchs à lui seul. Son souvenir doit encore hanter certains joueurs de Watten, Coyecques, Eperlecques, notamment. Devant lui une défense de fer avec le capitaine Jean-Marc Bigot, l'actuel président, intraitable dans les duels et à ses côtés, une véritable sangsue au souffle inépuisable, Bruno Defebvin. Et que dire du milieu du terrain et des frères Philippe et Pierre Plumecoq, au tempérament de feu et Christophe Lefebvre, le maître à jouer. Et enfin de l'attaque avec un buteur génial : Philippe Parmentier. On pourrait encore citer Michel Douilly, Eric Favière, Serge Martin, Arnaud Ducrocq, André Debas : joueurs intraitables ; Denis Compiègne : travailleur de l'ombre... La lune de miel a duré cinq saisons de 1981 à 1986. Le temps de passer de la troisième à la première division. Et de glaner au passage quatre titres de champion et d'être finaliste de la coupe Coop en 1983 (défaite face à Wimereux), de la coupe de la Voix des Sports en 1984 (battu par Hesdin). Ensuite la lassitude, l'arrêt et le départ des anciens, ont fait que Fruges est retombé quelque peu dans l'anonymat. Les entraîneurs se sont alors succédés, Martin, Tétart, Poulain, Merlin, avant la reprise en main par Alain Paquez en 1990. Durant cette période, l'équipe a fait le yoyo entre la promotion et la première division.

Sylvie Lefebvre : un ange au milieu de...
Dans cet univers de machos, Sylvie Lefebvre, secrétaire depuis 12 ans, fait entendre sa différence. Travailleuse de l'ombre, elle occupe cependant un poste indispensable et dont la charge croît d'année en année avec l'informatisation des clubs. Travail administratif mais aussi réunions de secteur, coordination avec le président et les responsables d'équipes lors de réunions mensuelles, organisation de manifestations, de tournois, de stages, de plateaux : sa vie familiale n'en sort pas indemne. Mais avec un mari ancien footballeur et qui fut secrétaire les dix années précédentes... Elle est aussi mère poule auprès des enfants et des parents pour leur expliquer que leurs rejetons ne peuvent pas tous devenir des Zidane, Ribery... Ce qu'elle préfère ce sont les rencontres des petits et le foot animation. Avec comme leitmotiv : faire comprendre à tous les acteurs d'un match (joueurs, adversaires, parents, dirigeants...) que c'est un jeu et non une compétition. Elle a d'ailleurs rédigée une charte allant dans ce sens pour les équipes des débutants aux 15 ans. Son souhait : obtenir la labellisation de l'école de football. Quand on connaît son opiniâtreté et sa force de caractère cela ne saurait tarder !

Jean-Marc Bigot : le gardien du temple.
Jean-Marc Bigot, a débarqué comme footballeur à Fruges en 1974, avant de s'installer définitivement dans le chef lieu de canton, en 1978, en reprenant la pharmacie Empisse. Une pharmacie où travaillait justement Michel Engrand, le président de l'ASF de l'époque. Le mal était fait et il n'a fallu longtemps à ce dernier pour embrigader son futur successeur. D'autant plus que les deux hommes partageait la même passion du foot et surtout la même vision. Une grande complicité est alors née qui a rejaillit sur le club : un sur le terrain et l'autre derrière la rambarde mais aussi dans les coulisses de ce que l'on appellait alors le District Maritime Sud. Jean-Marc Bigot s'est donc inspiré de ses méthodes pour poursuivre dans la même voie. Avec une certaine réussite chez les jeunes. Des jeunes qui cependant déplore-t-il deviennent versatiles. A son idée il faut étudier sérieusement la possibilité de mettre en place des équipes intercommunales pour pimenter un peu la compétition. Seule ombre au tableau, Jean-Marc Bigot est supporter du... Losc ! Ce qui a du mal à passer dans un fief des Sang et or.

Alain Paquez : le leader naturel.
Natif d'Ambricourt, Alain Paquez a été formé à Grande-Synthe où, en juniors, il a évolué en promotion d'honneur. Il a débarqué à Fruges en 1984, pour les deux dernières saisons, mitigées, de l'ère Chrétien. Puis avec Serge Martin avant de succéder à ce dernier en 1990 pendant dix ans. Après avoir pris un peu de recul, il a repris les rênes de l'équipe A en 2005 avec de nouvelles ambitions. La saison dernière les frugeois ont raté l'accession en Excellence lors de la dernière journée de championnat. Alain Paquez a 43 ans fait désormais figure d'ancien. Il possède l'expérience et le charisme qui font de lui le leader naturel de l'ASF et qui devraient lui permettre d'atteindre l'étage supérieur.