VERCHIN : Ancien combattant 39-45 : Robert Denoeuvéglise a libéré Fruges sur un char polonais.
Robert Denoeuvéglise, 86 ans cette année, est le dernier combattant 39-45 de Verchin. Il a fait partie de ces milliers de français qui pendant la seconde guerre mondiale, au péril de leur vie, ont refusé de plier sous le joug allemand. Sans grands faits de guerre ni coups d'éclat, mais en maintenant continuellement la pression et l'insécurité sur l'ennemi, comme combattant de l'ombre. Lorsque la guerre éclate, Robert Denoeuvéglise ouvrier agricole, du haut de ses 16 ans, ignore encore tout de la vie ... et de la guerre. Mais lorsque l'armée allemande victorieuse déferle sur la France et s'installe en force à Verchin, il commence à se poser des questions. Petit à petit il sentira monter en lui un sentiment de colère, voire de haine envers ces occupants qui se sont même installés chez lui. L'année de ses 20 ans, en 1943, il franchit le pas et rejoint le mouvement de résistance la Voix du Nord des Forces françaises de l'intérieur (FFI) commandé par Raymond Boulet, cultivateur à Verchin. Ce dernier avait su fédérer autour de lui l'esprit de révolte de plusieurs habitants du village, mais aussi d'un dénommé Misoire de Lugy, ainsi que d'un instituteur de Pernes. A peine une dizaine d'hommes. Durand la guerre 32 aviateurs abattus dans la Région ont été cachés à Verchin, dont 28 ont pu regagner l'Angleterre. Il y avait également un fabricant de faux papiers. "Raymond Boulet avait des yeux de chat et voyait clair même la nuit et il connaissait bien la région" se souvient Robert Denoeuvéglise. Ainsi que d'un colonel Robert Davidson qui a longtemps été caché à Verchin. Le premier sabotage du réseau a consisté à faire sauter la ligne de chemin de fer Anvin-Fruges au grand dam des allemands qui se croyaient à l'abri derrière le front. Robert Denoeuvéglise n'avait peur de rien et était toujours prêt à en découdre. Une fois à Fruges il s'est même battu avec un allemand à qui il a cassé le bras. Mais cette fois-là, il a eu de la chance, reconnait-il lui même, par peur des représailles. Mais l'ennemi sentant le vent tourner pensait plutôt à faire ses valises. Verchin a été libéré en septembre 1944 par l'armée polonaise du Général Maczek. La division s'est alors dirigée vers Ruisseauville et Fruges. Intrépide Robert est monté sur un char et a poursuivi sa route jusqu'à Fruges où il est entré le premier, libérant ainsi le chef lieu de canton, déserté par les allemands. Lors de la bataille des Ardennes, en décembre de la même année, un bruit a couru qu'un avion était tombé dans un bois à Nédonchel. "Notre groupe s'y est immédiatement rendus, sans savoir sur qui on allait tomber mais il s'agissait d'une fausse alerte" raconte encore Robert intarissable. Il a ensuite été appelé sous les drapeaux et, à son tour, a occupé l'Allemagne avant d'être renvoyé dans ses foyers rejoindre son épouse, car entretemps il s'était marié. L'autre jour il a reçu des mains de Gilles de Lencquesaing, maire et Alain Hérent, le président de l'association des anciens combattants de Verchin, le diplôme d'honneur de l'armée française.