Au Café de l'Univers : Claudine Caron a vécu toutes les évolutions de la société.

Le Café de l'Univers représente toute la vie de Claudine Caron et avant elle de sa sœur, Germaine Guilbert, et encore avant de sa mère, Blanche Courquin, au début du siècle dernier. A 69 ans, c'est la doyenne des cabaretières de Fruges et dans son univers elle en a vu défilé des générations de clients, connu des bouleversements et autres (r)évolutions de société. Mais pas toujours dans le bon sens. A commencer par la fin de l’exploitation de la ligne de chemin de fer, vers 1952. Auparavant, à l'emplacement du collège Jacques Brel actuel, il y avait une gare avec un arrêt du train qui reliait Aire sur la Lys à la Côte d'Opale. Une période ou le canton était particulièrement prospère avec les carrières de Matringhem notamment où le train s'arrêtait aussi. Dans le même registre elle assista également à la fin de la ligne d'Autobus Citroën Aire-Fruges-Berck, dans les années 80, le moyen de substitution mis en place en remplacement, et jugé lui aussi non rentable. Son café a longtemps été le siège de la société colombophile locale, "les Voltigeurs", fondée par Paul Boulanger en 1923. Après de nombreuses années en haut de l'affiche, les coulonneux ont définitivement arrêté leur activité, faute de relève, il y a une dizaine d'années. Mais quelle ambiance les jours de concours lors de l'enlogement et du ramassage des cages, puis après, l'attente interminable à surveiller le retour des pigeons. Quelques coupes sont encore présentes dans une vitrine rappelant cette période glorieuse. Mais ce qui a marqué le plus la vie de Claudine Caron et l'arrivée du pari mutuel urbain, le célèbre PMU à qui Ch'guss a donné ses lettres de noblesse dans notre Région. Et que de changements intervenus depuis sa création en 1930. Les célèbres pinces, les tickets qu'il fallait conduire à une heure précise à Hesdin, où un taxi passait les prendre pour ensuite prendre la route de Lens, ont cédé la place à l'ordinateur. Tout un rituel qui demandait rigueur et précision d'autant qu'auparavant il y avait moins de courses mais beaucoup plus de joueurs, surtout le dimanche matin. Maintenant avec l'arrivée de l'informatique on peut jouer tous les jours et en direct et Claudine a du s'y mettre. Et ils sont six ou sept joueurs à fréquenter assidument le café et à parier en ligne. Et une vingtaine le dimanche pour le tiercé. Bon an mal an une trentaine de gagnants se partagent, en moyenne, 35 000 € de gains, par mois, pour des mises à peu près équivalentes. Une joueuse a gagner dernièrement 55 000 €, ce qui constitue le record de l'Univers. De quoi à Fruges on a le nez fin et avec l'accueil chaleureux de la maitresse de maison, on est toujours le bienvenu au café de l'Univers : tout un monde !