FRESSIN : Tour du monde accompli : Pierre Trollé est rentré au bercail : "Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir".

Pratiquement un an jour pour jour le fressinois Pierre Trollé et son ami Benoît sont rentrés en France après un tour du monde ponctué de nombreuses aventures. Partis en avion, ils sont revenus plus prosaïquement après avoir traversé l’Europe en … vélo. Un périple qui a beaucoup transformé le jeune homme qui nous livre ses premières impressions.

Question : Pourquoi ce voyage tout d’abord ?

Réponse :   Nous sommes partis à la découverte du monde. Benoît recherchait à aller au bout de lui-même. Je cherchais à en savoir plus sur notre univers avant de travailler. Nous étions deux jeunes diplômés, prêts pour l'aventure et surtout prêts à nous ouvrir sur le monde.

Question : Comment s’est déroulé ce périple ?

Réponse : Les débuts sont toujours compliqués. Nous avons commencé par suivre les pistes touristiques pour explorer l'Amérique du Sud. Chemin faisant, nous furent surpris par la bonté des Boliviens et des Péruviens, ouvrant leur porte et leur cœur sans rien attendre en retour. Se faire inviter par les habitants pour les fêtes de fin d'année nous a bluffés complètement. Nous nous sommes rapprochés de la planète Terre, de ses contrées, de ses végétaux, de ses animaux lors de nos escapades néo-zélandaises et australiennes. Le voyage en Asie fut plus prolifique en rencontres. J’y ai découvert petit-à-petit l'histoire, les traditions, la culture, la cuisine et enfin les populations locales. Enfin j'ai accepté le challenge de Benoît : une traversée de l’Europe à vélo, pour conclure une aventure au plus près des terres, des pays et surtout des populations.

Question : Et l’accueil des populations ?

Etonnement nos contacts avec la société occidentale en Océanie se sont principalement soldés par des désillusions. A l’inverse, j'ai trouvé la générosité la plus extrême dans les pays les plus modestes. J'ai appris leurs langues, franchi le seuil de leur porte, partagé des simples moments de complicité, guitare à la main ou en jouant au Uno avec eux. J'ai trouvé mon propre bonheur, en admirant leur simplicité et l'amour qu'ils propageaient. L’expérience en Chine fut bien différente : c’est pour moi le pays de tous les excès. La population, d'un naturel si simple, est progressivement pervertie par l'argent. J’ai vu les miettes d’une civilisation tibétaine si pure et si pauvre, écrasées par l’envahisseur chinois. En Europe, nous avons goûté à la gastronomie locale, découvert une agriculture ancestrale, mais aussi des vestiges historiques et autres merveilles naturelles. Nous furent les témoins aussi de l’hospitalité pour les grands voyageurs, recevant abri, boisson, nourriture et un vif intérêt des locaux. Enfin nous sommes entrés dans les sociétés "normées" (à partir de la Hongrie), où les températures étaient plus fraîches tout comme les contacts réservés par les sociétés. Déçus devant cet individualisme trop marqué, nous avons préféré nous projeter sur les perspectives du futur et finalement avons retrouvé nos familles !

Question : Et le retour sur terre ?

Réponse : Le retour à la réalité est compliqué. Etrangement je ne rêve pas de vacances et de voyages. J’ai un nouveau projet : « rendre au monde ce qu’il m’a donné ». Lors de mon retour en vélo j’ai déploré la perte de valeurs par nos sociétés. Où est l'hospitalité pour les étrangers ? Où est le réel souci de l'environnement ? Où est le goût à la vie lorsqu’il y a tant d’insatisfaits dans la sixième économie mondiale ? Beaucoup de questions sans réponse. D’un autre côté, j'ai été agréablement surpris de l'accueil qui nous a été réservé. Tout le monde voulait connaître les grandes lignes et nos conclusions. Je me plais à raconter l’accueil et la générosité de ces simples gens à l’autre bout du monde si heureux de vivre, rien qu’en aimant, donnant, partageant. Je souhaite partager cet espoir : le monde est bon !

Question : Et maintenant ?

Réponse : Je suis déjà allé à un forum étudiant-entreprise et je me suis senti perdu. Je suis très loin de ce monde de l’entreprise, qui cherche à tout bout de champ une rentabilité économique. C'est là que j'ai découvert le grand changement en moi : je cherche à œuvrer pour de l'économie sociale, des entreprises attachées à des valeurs humaines et sociétales. Désormais mes recherches d'emploi se tournent vers des projets de travail dans le développement durable ou des missions pour les associations. Que vais-je faire ? Je cherche d'abord à partager mon expérience et mes réflexions, autour de moi. Je m'accorde une année en France pour me consacrer à ce projet. Si je ne trouve pas mon bonheur, alors je partirai voyager vers d'autres contrées (l'Afrique m'intéresse) jusqu'à trouver mon bonheur, c'est-à-dire rendre heureux le monde autour de moi. "Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir".