FRESSIN : D'étranges rencontres sur la Route de la pierre.
Inaugurée dernièrement, la Route de la pierre est loin d’avoir délivré tous ses secrets et l’on fait encore d’étranges et surprenantes rencontres. Comme ce pigeon, vraiment voyageur, rencontré rue de l’Epaule, qui vient de quitter son colombier, valises en mains, pour une destination inconnue. Cravaté et vêtu d'une redingote très seyante, peut-être est-il parti rejoindre Marie Groëtte, que l'on aperçoit souvent près de la Planquette, ou le cerbère à deux têtes qui monte la garde au bois de Fressin. De biens étranges personnages qui hantent les nuits des enfants du village.
Cette Route de la pierre, qui prend sa source à l’ancienne abbaye Ruisseauville, va faire ressurgir de ses entrailles quelques mystères. Fondée en 1090 par les Augustins d'Arrouaise venus de St-Maurice en Valais (Suisse), cette abbaye fut détruite pendant la Révolution de 1791. Une ferme fut ensuite construite sur son emplacement en 1796. Seule subsiste une petite chapelle que l’office de tourisme intercommunal (OTI) va s’efforcer de mettre en valeur. Après le combat du 25 octobre 1415, les Français tués furent dépouillés et laissés sur le champ de la célèbre bataille d’Azincourt. Le Duc de Bourgogne, qui sera plus tard Philippe le Bon, vint d'Aire sur la Lys, demander à l'Abbé de Ruisseauville, Baudouin d'Héricourt de Canlers, d'ensevelir les morts à ses frais. L'Abbé et le Bailly d'Aire achetèrent un champ de 25 verges carré. Ils firent creuser trois fosses, y déposèrent les 5800 cadavres. Les autres furent enterrés dans les bosquets d'Azincourt, ou rendus à leur famille. De plus, il fit enterrer douze nobles du pays dans le cloître de l'abbaye. En 1816 des fouilles furent faites par les Anglais dans ce cimetière. Les restes des soldats furent enterrés dans le cimetière côté sud d'Azincourt où ils reposent encore. En 1950, lors de la pose d'un pylône électrique, l'on a découvert douze corps dans une cave... Est-ce ces 12 chevaliers enterrés dans le cloître ? L’histoire n’est finalement qu’un éternel recommencement et l’ont pourrait peut-être un jour voir ressurgir les fantômes de la bataille d’Azincourt, à Ruisseauville.