FRESSIN : Dame Brunehilde revient sauver les fressinois.

Quelques enfants jouent et se chamaillent sur la place du village alors que d'autres font la ronde. Près de la fontaine les lavvandières lavent leur linge et le font sécher sur les haies. Au pied du château fort, à la Taverne de l'écu, le père Jules se saoûle à l'hydromel et prêche déjà la Révolution. De retour des bois un chasseur vient de désaltérer et raconter ses exploits à la la tenancière qui n'a pas la langue dans sa poche. Soudain sorti de la nuit un pélerin égaré débouche sur la place. Il s'agit d'un ménestrel avec sa harpe sous le bras qui avant de poursuivre son chemin interprête quelques chansons paillardes. Puis des enfants accourent effrayés et racontent qu'ils ont aperçu une drôle de lumière à la lisière du bois de Fressin et vu une apparition étrange, une Dame blanche. Les villageois se rassemblent et en compagnie de pélerins échoués dans le village cherchant leur route vers l'abbaye de Blangy,  s'enfoncent dans la nuit à la seule lueur de leur flambeau. Une route semée d'embûches ou ils rencontreront d'étranges personnages, des bandits de grand chemin, un prêtre défroqué, une diseuse de bonne aventure....

Même la pluie ne parvient pas à refroidir l'ardeur des pèlerins qui tous les soirs de représentations poussent les grilles  de l'ancien château fort des Sires de Créquy. Cette année les nuits enchantées de l'association du même nom font le plein et les responsables, au premier rang desquels le président Jean-Michel Bailly, vont peut-être devoir jouer les prolongations devant le succès obtenu. La magie opère toujours et même chez les comédiens amateurs qui se laissent prendre au jeu. Comme pour Thierry Léger, 44 ans d'Embry, qui est le dernier à avoir fait son entrée au sein de la troupe. Sa femme Sophie et ses filles participaient déjà au spectacle depuis l'an dernier. Une fois il est venu les conduire et lassé de les attendre, il a passé un petit essai qui s'est avéré concluant. Et il s'est alors retrouvé propulsé sur le devant de la scène, à son grand étonnement et surtout plaisir car il a adoré ça. Il participe d'abord à une animation, costumé, au restaurant du village, le Secret garden, qui lui aussi bien souvent fait le plein avec sa formule intégrant un repas et l'entrée au spectacle, et vient chercher les noctambules après leurs ripailles pour les conduire au spectacle. Puis lors du prologue il joue un chasseur venant se rafraichir à l'auberge de l'écu et, pendant le spectacle, un bûcheron. Autant de rôles qui demandent à chaque fois une nouvelle interprétation et un jeu de scène différent, de changements de costumes. Mais que Thierry Léger ne raterait pour rien au monde même si dans l'obscurité quelquefois certains se prennent les pieds dans le tapis, déclenchant des rires incontrôlés. On l'aura compris l'ambiance au sein de la troupe est irremplaçable, que se soit avant ou après le spectacle pour l'apprenti comédien qui aime aussi : "le jeu avec le public et le ressenti du spectacle, pouvoir improviser et prendre à partie les spectateurs".