Francis Duflos jette l'éponge : écoeuré, déçu, amer. Incompris ? A-t-il tort d'avoir raison avant les autres?

FRESSIN : Le miracle n'a pas eu lieu : L'association Vivre au pays poussée vers la sortie.
Malheureux qui comme Francis Duflos a fait un beau rêve. Il a cru que dans un monde moderne, axé vers le progrès, l'homme pouvait décider de son destin, aménager son espace de vie et laisser une terre propre à ses enfants. Après sept ans de travail, de déception, de désillusion, il jette l'éponge avec son projet de "Vivre au Pays". En 1994 il a créé dans le Nord une société de consultants, "Galaxies consultants", qui oeuvrait en direction des structures accueillant des personnes âgées. Le 13 décembre 1996, le conseil municipal de Fressin, a l'unanimité, a approuvé son projet. Seulement il lui a fallu passer ensuite pour les fourches Caudines de la communauté de communes ou celui-ci s'est "enlisé". De retour au village donc ou il est né, il s'agissait au départ pour Francis Duflos de revitaliser un Pays, celui des 7 Vallées, en luttant contre l'exode rurale. Et ainsi permettre aux jeunes de revenir et rester vivre et travailler au pays. Avec tout d'abord un projet de maison de vie qui aurait permis aux anciens, retraités, de transmettre leur savoir. Un projet qui s'inscrivait dans le cadre du développement et de l'aménagement du territoire axé notamment sur une économie environnementale et biologique. L'économie industrielle produit 10 emplois à l'hectare alors que l'économie biologique en génère 100. Un des axes forts de ce projet visait à mettre en avant les productions locales, dans tous les domaines, ainsi que le progrès et la modernité à la portée de tous en milieu rural, avec l'ouverture d'un cybercentre, le premier dans la région. Mais aussi offrir des débouchés à l'agriculture réorientée sur des productions énergétiques type biocarburant et matériaux bioécologiques : paille, chanvre, lin... L'habitat serait amené alors à utiliser ces matériaux à partir d'une mise en filière des productions locales. La valorisation du patrimoine et du tourisme vert s'inscrivaient parfaitement dans ce projet. Certaines de ses idées ont d'ailleurs été reprises par d'autres, démontrant ainsi que Francis Duflos a peut être eu tort d'avoir raison avant les autres. Il n'en demeure pas moins amer en pensant notamment au quatre emplois jeunes à la recherche d'un travail désormais. Selon lui les recettes de l'économie actuelles ne marchent plus car par trop orientées vers les pays du Tiers monde qui désormais ont la volonté d'accéder à l'autogestion de leurs richesses. La disparition progressive des paysans et une agriculture industrialisée à outrance et en surproduction démontrent la limite de ce système intensif. Enfin, les énergies fossiles sont appelées à disparaître et le nucléaire a montré ses limites. Mais surtout à ses yeux : "le manque de projet de création entreprenariale est consternant. Le confort de vie, la recherche de sécurité de notre société de consommation ont éliminé le goût d'entreprendre chez les jeunes, par ailleurs écoeurés du système" le désolent profondément. "La France est devenu un pays de vieux" assène -t-il en conclusion. Ainsi a-t-il décidé de s'investir dans un pays en voie de développement : Madagascar, en s'associant dans un projet économique. L'association Vivre au pays reste cependant encore à Fressin avec une école de formation installée dans l'ancienne...école de filles du village.