LUGY : Faut-il s'inquiéter : l'eau ne coule plus comme avant sous les ponts du canton.
A Fressin, la rivière la Planquette est devenue ruisseau et les étangs de Marko Cléments se sont pratiquement vidés. A Fruges la Pompe Chanquille ne coule plus qu'épisodiquement. L’absence de pluies significatives depuis décembre 2010 avait fait craindre, dès le printemps dernier, une sécheresse importante pour notre pays des 7 vallées. "Malgré les dénégations des spécialistes la lecture des mesures de débits de nos rivières est inquiétante" selon Bernard Delrue du moulin de Lugy, spécialiste ès cours d'eau et aux premières loges pour suivre l'évolution avec son moulin. Depuis plus de 18 mois, le débit mensuel de la Lys mesuré chez lui est inférieur à la moyenne de ces 39 dernières années. Pire, il est maintenant inférieur à celui de 1976. Et ce n’est pas avec 46 mm de pluie au mois d’octobre que la situation va se redresser à ses yeux car il tombe en moyenne plus de 100 mm d’eau par mois. Et novembre ne s’annonce pas mieux : 35 mm pour la première semaine ! Outre le problème de pluviosité, les pompages dans la nappe souterraine à Verchin viennent de reprendre. On peut douter de l’opportunité de ce choix ? Quelles en seront les conséquences ? A qui ces pompages profitent-ils ? Nos rivières sont au plus bas et le poisson commence à souffrir. Des pêches électriques ont déjà été réalisées pour déplacer le poisson. Mais elles sont de loin insuffisantes. Les pollutions de toutes natures sont bien plus dramatiques qu’à l’ordinaire à cause du manque d’eau. La production d’hydro-électricité au niveau national est en chute libre. Il en va de même dans notre région. À Lugy au moulin la production de 2011 est inférieure de 20 % par rapport à celle de 2010. A ses yeux il ne faut plus gaspiller d'eau, surtout celle qui a été rendue potable. Chacun doit limiter sa consommation, pas pour deux mois, mais pour toujours. Chacun ne doit pas prendre la rivière pour une décharge ou le lieu qui finit d’épurer l’eau des stations d’épuration. Chacun doit limiter les zones imperméables à l’infiltration et mettre en place des lieux de stockage d’eau de pluie. Ensemble il faut adapter nos modes de vies à ces sécheresses. « S’il existe encore quelques endroits ou malgré le déficit d’eau les animaux aquatiques et subaquatiques peuvent trouver un havre de paix : ce sont les zones en aval et en amont des moulins. Là, pas besoin de nettoyages humains pour avoir de belles frayères, pas besoin de pêche électrique pour sauver le poisson, pas de dépenses publiques d’entretien des rives et bâtiments ; là les écrêtages des crues sont gratuits, les zones humides préservées même en cas de sécheresse. Et pourtant nos élus et leurs administrations veulent maintenir les seuils ouverts ou les araser ? Imaginez l’AA avec ses 46 réservoirs ! La Traxène avec ses 4 moulins sur 4 kilomètres ! Il en reste un, en activité, et un autre restaurable ! Où est parti notre bon sens ? » déplore-t-il enfin.