CREQUY : la longue quête de Jean-Pierre Bruneteau, enfant de l’Assistance publique.

Toute sa vie Jean-Pierre Bruneteau  a mené un long et difficile combat pour découvrir ses origines familiales et connaitre les raisons de son abandon à l’Assistance publique. Il souhaite que sa longue quête de vérité serve d’exemple à tout ceux qui veulent un jour renouer avec leur passé fut-il tragique. Né le 4 juillet 1951 il a été déposé, à sa naissance, au service de l’assistance à l’enfance de la Seine de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. Pendant deux ans il a été classé dans la catégorie « déposé temporairement » (DT). Mais en 1953 il est classé A, comme abandonné, sous le numéro 270401. Il est alors placé cinq ans à Rang-du-Fliers avant de débarquer à Créquy, où il mènera somme doute une existence heureuse. Mais depuis toujours dans son esprit, il est taraudé par l’idée de retrouver les siens et  une soif inextinguible de vérité qui ne le quitteront jamais. Dans les années 64-68, un ami du collège de Fruges lui donne déjà l’adresse d’une personne portant le même nom, habitant en Charente-Maritime, et découvert dans « Amis-coop », une revue de l’poque distribuée dans les écoles primaires de 1957 à 1990. Ses courriers ne recevront pas de réponses. A 18 ans il reprend ses recherches et achète un annuaire du département concerné car à cette époque internet n’existait pas. Une nouvelle fois ses missives restent sans réponse : les services de l’Etat se retranchant derrière le secret professionnel. Ensuite par hasard, en lisant le Chasseur français, il découvre une petite annonce au nom de Bruneteau mais cette fois-ci au Havre. Maté et prudent, après plusieurs coups de téléphone, et sans vraiment dévoiler le but de sa recherche, il entre en contact avec une personne travaillant à la ville du Havre. Il découvre que l’auteur de l’annonce est une propre tante. Il se rend alors sur place mais se heurte à un nouveau mur de silence : on ne voulait rien lui dire sur sa mère et le mystère s’épaissit encore : que voulait-on lui cacher sur sa naissance ? Il poursuit alors inlassablement ses recherches. Deux années plus tard, en 1971,  ses efforts finissent par payer et enfin il découvre l’adresse de sa vraie mère en Charente-Maritime. Au service militaire, il demande une permission, prend le train pour la Rochelle. La rencontre, sur le quai de gare, durera 2 heures et, cruelle désillusion, sa mère ne souhaite pas poursuivre la relation et veut rompre tout contact avec lui. Elle est mariée et a tiré un trait sur cet épisode douloureux de sa vie. Il saura pourquoi bien après. Jean-Pierre Bruneteau  rentre meurtri, blessé dans sa chair comme au plus profond de son être. Mais il en faut plus que ça pour le décourager  bien des années plus tard, il brûle toujours de connaitre la vérité. Avec de nouveaux moyens, il réussit en regroupant tous les témoignages et renseignements glanés, des rencontres fortuites,  à reconstituer l’écheveau de son passé. Surtout après avoir récupéré son acte d’abandon et de naissance à Paris. En outre Patrick Warin, le président du centre d’études généalogiques du Pays des 7 Vallées, lui apportera un précieux concours pour assembler tous les morceaux du puzzle de sa vie et le conforter dans ses certitudes. Jean-Pierre Bruneteau est donc né dans un village des Charente-Maritime des relations coupables et forcées d’un notable et de l’une de ses belle-filles de 16 ans, suite à un remariage. Son géniteur repose d’ailleurs dans ce village. Quant à sa mère, elle aussi décédée, ses cendres sont déposées dans un funérarium en Charente-Maritime également. Jean-Pierre Bruneteau  vient de rentrer d’un pèlerinage sur les terres de ses ancêtres. Il est donc né à une époque où les « gens bien-placés » pouvaient cacher leurs turpitudes aux yeux de leur famille : « quitte à abandonner lâchement le fruit de leur inceste et marquer à jamais la vie d’un enfant, comme d’une mère» aux yeux du créquinois d’adoption.  Le secret était donc bien gardé mais quelquefois il suffit d’un grain de sable et l’obstination d’une personne pour faire remonter à la surface de douloureux souvenirs que l’on aimerait à jamais enfouis au plus profond de soi. Jean-Pierre Bruneteau, assume, se dit soulagé de « connaitre la vérité » et a retrouvé une certaine sérénité et quiétude de l’âme. Son obstination a fini par payer. Mais  il entend poursuivre ses recherches et découvrir toute sa généalogie. Et notamment maintenant du côté de son père. Il aurait une demi-sœur dans l’Eure et peut-être aussi un demi-frère né sous X.