FRESSIN : réhabilitation de la « Maison Dauchez » : non,  non, le torchis n’est pas mort… !



La « Maison Dauchez »,  comme appelée à Fressin, située en plein cœur du village et qui était en mauvaise état, va connaitre une véritable cure de jouvence. En effet les nouveaux propriétaires ont décidé de la réhabiliter en utilisant les mêmes matériaux et méthodes ancestrales qu’auparavant. Ou presque.  Samedi dernier  une matinée d'échanges animée par les responsables du point Info-énergie d’A Petits PAS  a attiré un public de profanes très motivés. Dans un premier temps une mise en pratique d'un mur en torchis a été présentée par François Legrand, artisan du patrimoine. L’après-midi a permis aux visiteurs de rencontrer  une architecte du CAUE, des représentants de la « Fondation du Patrimoine », Frédéric Evard, architecte,  de « Maisons Paysannes de France » et une thermicienne. A en juger par le nombre de participants et par l’intérêt manifesté : non, non, le torchis n’est pas mort… !


La Maison :
Déjà présente au cadastre de 1830 et probablement avant cette date, elle a abrité de nombreuses générations et nourrit les familles  grâce à un grand four à pain à pain se trouvant dans le corps de logis. Elle a permis l’activité aussi de différents artisans à commencer par un forgeron installé à l’extrémité est de la maison, puis un commerce de lingerie, bonneterie et papiers peints, ensuite un salon de coiffure hommes et dames plus une activité de maraichage dans le terrain attenant situé sur les bords de la rivière la Planquette. Enfin au milieu des années 50, Ulysse Dauchez et sa femme sont venus s’installer  à Fressin pour y ouvrir un garage de réparation automobiles et tracteurs agricoles jusqu’à la fin des années 80. A leur décès c’est leur fille Annick Dupnd-Dauchez  qui en est devenue la propriétaire en 2011.

Le projet :
Que faire de cette maison bien fatiguée par le temps ? Après des mois de réflexion le projet de deux logements à usage locatif a vu le jour. Les démarches ont commencé en novembre 2011 auprès de l’Association A Petits Pas de Ruisseauville, en 2012 chez Eric Revet Architecte. Il a fallu ensuite pour poursuivre ce projet ambitieux avoir recours aux services d’un bureau d’étude (ADEL) et d’une thermicienne, Isabelle Merlot,  pour les démarches administratives, les conseils et le suivi de chantier. En janvier 2015, le Service territorial de l’architecture et du patrimoine, partie prenante dans la restauration, a guidé les propriétaires vers la Fondation du patrimoine et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE), pour affiner le projet, en 2016. Et les artisans locaux se sont mis au travail le 22 mai de cette année.

La réhabilitation :
Dans l’histoire de l’humanité, le bois et la terre crue  sont certainement les deux matériaux qui ont été les plus employés pour la construction des habitations. Les  maisons en bois à colombage se distinguaient par le système de fixation des bois entre eux avec tenons et mortaises, chevillés les uns aux autres. De son côté la construction en torchis est très ancienne et elle connait actuellement un regain d’intérêt. C’était une technique utilisée par les Celtes depuis le néolithique et elle a connu son apogée au Moyen-âge. Et un mélange de terre argileuse et de paille appliqué sur un clayonnage de bois souple ou de lattes, reposant sur une charpente en bois. On peut distinguer deux grands types de mélange. Le torchis lourd avec beaucoup de terre et un peu de paille formant une armature. Il privilégie l’inertie et l’accumulation thermique (chaleur, l’hiver ou fraicheur l’été). Et le torchis allégé avec au contraire beaucoup de paille et un peu de terre.  Le brassage est neuf fois plus isolant que le torchis traditionnel car il renferme beaucoup d’air statique.

Pourquoi préférer le torchis ?
C’est une matière souple et écologique et un excellent isolant thermique et phonique, bien meilleur que le parpaing ou encore la brique. De plus, il laisse respirer l’ossature bois et l’empêche de pourrir. Outre son entretien facile, le torchis épouse les défauts et ne se fissure pas comme le ciment. De plus, il s’agit d’un matériau éternellement recyclable : les ingrédients de base sont largement disponibles et ne nécessitent pas de traitement lourd polluant.


Le torchis a donc le plus souvent un impact négligeable sur l’environnement en termes de ressources employées et de pollution générée. Intéressant également sur le plan économique, il est en plus, facile à mettre en œuvre. Enfin comme il possède une bonne inertie thermique, la maison reste chaude en hiver et fraiche en été. Il protège le bois des structures en absorbant et en ventilant l’éventuelle humidité, permettant de prolonger la durée de vie des habitations.