Coluche doit se retourner dans sa tombe : aujourd’hui on n’a plus le droit d’avoir faim et d’être malade.
Suite à des anomalies pointées du doigt par l’inspection générale des affaires sociales, Cyclamed ne procédera plus au recyclage humanitaire des médicaments non utilisés. Il poursuivra sa collecte mais les déchets seront systématiquement incinérés. Un énorme gaspillage dont certaines associations caritatives auront du mal à s'en remettre. Comme Avotra-France de Fressin dont le dernier envoi vient de partir pour Madagascar. L'association Avotra-France a été créée en 2001 par le docteur Pierre Branquart pour venir en aide à l'orphelinat Avotra sis à Tananarive (Madagascar). Et surtout agir et lutter activement contre la pauvreté afin que la santé et l’éducation deviennent accessibles à tous et surtout aux enfants. Depuis 10 ans en collectant dans les pharmacies de la région, une douzaine, en récupérant les médicaments chez les particuliers, une véritable chaîne de solidarité s'était créée autour des MNU (médicaments non utilisés). En adhérant dans la foulée à l'Association sans frontières (ASF) d'Orly, ces médicaments étaient expédiés à destination de Madagascar pour être utilisés par des médecins bénévoles intervenant à l'orphelinat. Des colis étaient envoyés également par la Poste. Ces MNU devenaient alors de véritables trésors pharmaceutiques pour une population, une des plus pauvres de la planète, en permettant l'accès aux soins à des enfants privés de tout. En effet, chaque matin, le dispensaire de l'orphelinat accueille également des familles et enfants de la rue et les soins prodigués le sont grâce à ces MNU. C'est dans l'indifférence générale que Pierre Branquart a pris connaissance d'un décret mettant fin à cette pratique et que désormais Cyclamed poursuivrait sa collecte et ces déchets seront systématiquement incinérés. Revers de la médaille, les associations humanitaires seront privées de cette manne inespérée qui respectait pourtant les règles de l’OMS (organisation mondiale de la santé), avec une garantie de traçabilité. Et comme un malheur n’arrive jamais seul une directive européenne met fin, à dater du 31 décembre 2008, à l’envoi de médicaments recyclés aux pays en voie de développement, directive que la France va transposer dans sa législation nationale. A ce stade et vu les tonnes de médicaments gaspillés et les investissements pour leur incinération ont se peut se poser des questions : pourquoi tant de médicaments inutilisés ? Pourquoi le nombre et le conditionnement des médicaments sont si mal adaptés aux prescriptions ? Pourquoi ne pas adopter un système similaire à la Grande-Bretagne, l’Australie, etc. où les pharmaciens ne délivrent que la quantité exacte de médicaments correspondants à l’ordonnance, ce qui évite tout gaspillage ? Les grands gagnants sont évidemment les laboratoires pharmaceutiques qui rêvent de s’installer dans les pays sous-développés…. |