La vie et la mort des deux soldats polonais tués à Ruisseauville retraçées par René Lesage du Comité d'histoire.

RUISSEAUVILLE : Frappés en pleine jeunesse : la vie et la mort de deux combattants polonais tués à la libération de Ruisseauville.
La municipalité a choisi de rendre hommage à ses libérateurs polonais dont deux sont décédés lors des combats sur le sol de la commune. René Lesage, secrétaire général du comité d'Histoire du Haut-Pays présentera de son côté une exposition sur la Libération du haut-pays. En attendant il s'est attaché a retracé la vie des deux soldats. Le premier est Ludwik Dekowski, né le 3 mai 1922 à Wolomin (Pologne), fils de Jozef et Weronika Turkowska. Arrivé en France en 1927, sa famille s'installe à Hagondange (Moselle) où il fait, après sa scolarité, l'apprentissage de tourneur en métaux. En 1939, à la suite des accords signés le 21 septembre 1939 entre le gouvernement français et le Général Sikorski, il s'engage dans les forces polonaises sous commandement français et rejoint le camp de Coëtquidan où il poursuit une formation militaire. Le 09 juin 1940, il est affecté au 7ème Régiment d'infanterie de la 1ère Division des Grenadiers commandée par le Général Duch. La Division est rattachée au 4ème Corps français commandé par le Général Hubert. La Division intervient dans les combats de Dieuze, Lagarde, Baccarat et Saint-Dié. Le 20 juin 1940, la 1ère Division de Grenadiers et plusieurs divisions françaises sont encerclées, malgré l'opposition du Général Hubert, le Général Duch, le 21 juin 1940 à 8 heures, ordonne la dissolution de la division, la destruction du matériel et commande à ses hommes de passer en zone non occupée et rejoindre l'Angleterre. Ludwik Dekowski réussit à passer au Royaume Uni et le 1 juillet 1940 il est réintégré dans les forces polonaises sous commandement britannique. Au Royaume-Uni, de 1940 à1942, il est affecté à la surveillance et à la défense des côtes britanniques. A la création de la 1ère Division Blindée, en 1942, il rejoint le 24ème Régiment de Lanciers. Avec ce régiment il débarque en Normandie le 30 juillet 1944, il participe aux combats de la poche de Falaise. Le 3 septembre, il libère la ville d'Abbeville. Le 4, après avoir franchi la Ternoise à Blangy, son char est touché par un obus tiré par un char adverse à la hauteur du village de Ruisseauville.
De son côté Gustaw Goldstaub, est né le 10 mai 1923 à Francfort. Il est fils de Moritz Mendel, né à Varsovie en 1887 et de Marie Froschel, née en Pologne en 1892. La famille a émigré en Allemagne et c’est là que naissent deux enfants au moins, Gustaw et Vera, née le 16 juillet 1929. En octobre 1938, les Juifs Polonais d’Allemagne sont déportés en Pologne, dans le cadre de la politique nazie. Mais Gustaw est intégré dans un convoi d’enfants qui rejoint l’Angleterre : il est alors âgé de quinze ans. Ses parents disparaissent avant 1944, soit dans le ghetto de Lodz, soit dans le camp d’extermination d’Auschwitz. On peut supposer que Gustaw a été volontaire dans l’armée polonaise qui se reconstitue en Angleterre. Il finit par rejoindre le 24e Régiment des Lanciers. Avec lui, il participe à la campagne de Normandie, à la poursuite, jusqu’au combat de Ruisseauville. Il est mitrailleur au 3e escadron. Son char y est touché par canon antichar allemand de 88 mm, posté sur la nationale 28, près du cimetière. Grièvement blessé, il est transporté à l’hôpital de campagne le long de la Nationale 39 à Humières, où il meurt. Parce qu’il est Juif, il ne reçoit pas de sépulture dans le cimetière autour de l’église d’Humières, mais dans un pré le long de la route. En 1972, ses restes sont exhumés et transférés au cimetière militaire français de la Targette, à Neuville-Saint-Vaast.

Exposition du 9 au 13 septembre à la salle du foyer rural Guy Lyon. Elle est ouverte les samedi et dimanche de 10h à 19h ; et les lundi, mardi, mercredi de 9h à 12h et de 14h à 18h.