SUR LA ROUTE DE LA PIERRE :

Balade | Fressin - Planques - La Route de la pierre se raconte

Photos paysages Qui sème le vent - Vincent Tétu Sculpteur  Jeunes et Nature de Calais, des Randonnées pédestres sur la Cote d'OpaleJeunes et Nature de Calais, des Randonnées pédestres sur la Cote d'OpalePhotos paysagesFichier:Fressin château 14.jpg — Wikipasdecalais

Le château. Tout commence au château de Fressin. Les vestiges de cette forteresse bâtie au XV siècle par Jean V de Créquy, conseiller du duc de Bourgogne, Philippe Le Bon, et l’un des premiers chevaliers de la Toison d’or, recèle encore la mémoire des batailles menées contre les troupes de Charles Quint.

C’est là que les enfants, qui s’aventurent dans la vallée de la Planquette, tombent nez à nez avec Jéhane, une petite fille qui parcourt le monde à bord de sa machine volante. Échouée à Fressin après avoir percuté une pierre elle se prend d’amitié pour un caillou amnésique à la recherche de ses origines. Le chien à deux têtes Jéhane et le caillou vont trouver de l’aide auprès du petit Georges, enfant du cru qui va les guider à travers les deux versants de la Planquette. Une quête à travers l’histoire et les légendes des villages de Fressin et Planques commence.

Sur la route, les aventuriers vont parfois faire de mauvaises rencontres. Mieux vaut ne pas traîner près de la statue du chien à deux têtes qui garde encore la propriété du baron Seillière, grand amateur de chasse au XIX siècle. Mais pas question de repartir sans l’indice que les chiens dissimulent ! Heureusement, le petit Georges sait trouver des endroits charmants où mener ses amis pour un peu de répit.

À Planques, au n˚11 de la rue du Fond-de-Planques, une ferme plus que centenaire est bâtie avec des pierres qui pourraient bien provenir des ruines du château de Fressin, comme de nombreuses bâtisses de la vallée. Chez les Viollettes, à Fressin, les voyageurs découvrent aussi un pigeonnier, dans la tradition colombophile locale.

C’est d’ailleurs la statue d’un drôle de pigeon voyageur qui va aider les enfants à poursuivre leur chemin. La maison de Georges Bernanos. Dans ce voyage à travers le temps, les traces de Georges Bernanos sont nombreuses. Fressin, qui a édifié un buste en bronze à l’écrivain près de sa mairie, est encore chargée des souvenirs et de l’œuvre de cet homme qui n’a jamais oublié son enfance dans un village où il se sentait libre et « chez lui » comme nulle part ailleurs.

De sa maison, il reste un pigeonnier et une cour. L’église de Fressin. La noirceur de l’œuvre de Bernanos résonne encore dans l’église de Fressin. Sa chapelle funéraire n’est pas inconnue à ceux qui ont vu « Sous le soleil de Satan » de Maurice Pialat, adapté du roman. C’est là que Gérard Depardieu, qui incarne l’abbé Donissan, fait un malaise.

C’est aussi cette église, joyau du style flamboyant, que la famille bourgeoise de Georges Bernanos fréquentait. On y trouve encore son espace réservé, sur le côté droit de l’autel, et le curieux tunnel, plaqué de bois, que la famille avait fait percer dans un mur pour pouvoir assister au prêche de cet endroit. La sorcière Marie Grouette. Il faudra affronter aussi la statue de la sorcière Marie Grouette, connue pour noyer les enfants dans les rivières et dont il faut s’approcher avec courage pour résoudre son énigme et continuer le chemin.

La source de Mouchette. De l’œuvre de Bernanos, on retrouve beaucoup de décors issus de Fressin, dont la source de Mouchette, personnage qui a vécu « Sous le soleil de Satan ». C’est dans cette source que la jeune fille se noie.

Et c’est dans un bouquet final que se termine l’aventure, avec la découverte du château de Fressin et de sa mémoire

   

Un buste de l'écrivain est placé devant la Mairie : cliquer ICI pour plus de détails 
 

"J'habitais, au temps de ma jeunesse, une vieille chère maison dans les arbres". C'est à Fressin que Georges Bernanos a puisé son inspiration. Construite sous le premier Empire, cette maison fut rachetée par Jean François Bernanos, habituellement prénommé Émile, au baron Raymond Seillère le 1er janvier 1896. Alors tapissier à Paris, le père du célèbre écrivain à peine âgé de 42 ans, fils d'un ouvrier originaire de Lorraine, jouissait déjà d'une certaine aisance financière. Il était marié à Marie-Clémence Moreau, plus connue sous le prénom d'Hermance, fille de petits paysans de Pellevoisin en Berry. Les nouveaux propriétaires ne fréquentaient les lieux qu'à la belle saison avant de s'installer définitivement vers 1904.

A Fressin, Georges Bernanos, enfant puis adolescent, passa des vacances merveilleuses. Après des études au Petit Séminaire Notre Dame des Champs à Paris et au Petit Séminaire à Bourges, il fréquente le collège d'Aire sur la Lys ou il décroche ses deux bacs (1904-1906). Il se rallie alors aux écrivains de l'Action Française qui défendent la cause monarchique. Il manifeste à Arras et dans la région contre les prêtres et les libres-penseurs, ralliés à la République. On est alors en pleine séparation de l'église et de l'État. De 1906 à 1913, il poursuit ensuite ses études à la faculté de Droit de Paris (faculté catholique) et obtient sa licence en lettres et en droit. Il se mêle à la politique (il est même incarcéré en 1909 à la Santé) et collabore à l'Action Française.

Les deux années suivantes, Gorges Bernanos dirige à Rouen "l'Avant Garde" un hebdomadaire royaliste. Il occupe alors dans la maison de Fressin, au second étage, une petite chambre dont l'unique fenêtre donnait sur la vallée. A pied ou à bicyclette il sillonne la campagne environnante et se livre à toute sorte d'activité. C'est à cette époque aussi que, pour affirmer devant tout le village ses convictions royalistes, il plante un drapeau blanc au sommet de la plus haute tour des vestiges de la forteresse des sires de Créquy. Mais durant toutes ces années "dans les profonds repaires de son âme" un monde imaginaire ne demande alors qu'à voir le jour. L'écrivain Georges Bernanos a trouvé sa voie.

Après la guerre 14-18, bien que réformé il s'engage au 6ème Dragons (plusieurs blessures et citations), il revient à Fressin, marié et père de famille. Il a épousé le 11 mai 1917 Jeanne Talbert d'Arc, descendante d'un frère de Jeanne d'Arc, qui lui donnera 6 enfants. Devenu inspecteur en assurance pour les départements de l'Est, il s'installe à Bar le Duc en janvier 1924. Il ne reviendra jamais plus à Fressin. Restés seuls ses parents vendent la maison à M. Ludovic de Willecot de Rincquesen. En 1926 il publie "Sous le soleil de Satan" ou il décrit admirablement l'église de Fressin. C'est un succès et il décide alors de vivre de sa plume.

Dans tous ses romans l'Artois, et plus particulièrement Fressin, occuperont une place importante et surtout sa "chère maison". Elle le poursuivra dans son œuvre romanesque : la Joie (1929, prix Fémina), Monsieur Ouine (1943), les grands cimetières sous la lune (1938).

Georges Bernanos altermondialiste, Georges Bernanos prophète en son pays. Le célèbre écrivain a été mis à toutes les sauces et s'il est notoirement connu et ses écrits reconnus, le personnage est encore lui méconnu du grand public. Les conférences données ce samedi ont permis de se faire une autre idée de l'illustre habitant de Fressin. Son petit-fils Gilles Bernanos a voulu remettre en lumière son parcours et s'est notamment, attaché à évoquer le monde moderne tel que le voyait l'écrivain des les années 40 et comment il se concrétise aujourd’hui. Un monde gouverné par l'économie, sans moral et sans règles, qui produit la crise et le conduit à sa perte. "L'homme vit d'angoisses et il cherche tous les moyens de se sécuriser, à vivre, à s'amuser et il est rentré dans une logique matérielle exponentielle et une course sans fin sans pouvoir arrêter le système" disait Georges Bernanos qui opère un virage à180° lors de la guerre d'Espagne selon son petit-fils. "Un changement fondamental dans son cheminement de conscience et il rompt alors avec un passé tumultueux et notamment une droite radicale. Il reproche à l'église catholique espagnole de cautionner les massacres lors de cette guerre civile. Ce sera le grand virage de sa vie et qui le rend plus humain". Il n'aura alors de cesse de dénoncer le nazisme, l'antisémitisme. Et mener sa quête inlassable pour :" aimer pour comprendre et comprendre pour aimer" un monde moderne ou déjà il prédit que : "les libertés seront de plus en plus réduites au nom de la sécurité".

Découvrez en plus encore avec la brochure "Sur les pas de l’écrivain Georges Bernanos en Côte d'Opale".

Nichés au cœur d’un massif boisé, les vestiges du château féodal de Fressin témoignent d’une histoire riche. Construit par Jean V de Créquy au milieu du XVème siècle puis rapidement abandonné, le site se trouve au cœur des conflits entre royaume de France et Pays-Bas Espagnols à l’époque moderne. Détruit en 1658, le site est sauvé et mis en valeur dès le milieu du XIX siècle et demeure aujourd’hui un site touristique majeur dans le Haut-Pays d’Artois.

Résidence aristocratique, abandonnée dès 1515, le château de Fressin a connu les vicissitudes de la guerre, qui devient endémique dans le Nord de la France à partir de la fin du XVème siècle. Le château de Fressin fut  donc une pièce non négligeable dans la défense de la région. Il permettait de contrôler, et au besoin de verrouiller, la vallée de la Planquette, passage habituel des troupes qui allaient et venaient entre Thérouanne et Hesdin : deux places fortes dont les adversaires ne cessaient de se disputer la possession. Convoité par beaucoup, il faillit déjà être détruit par les Anglais en 1522. Accouru d'Hesdin, M. de Créquy, frère de Pont-Rémy repoussa leur assaut. Trois ans plus tard en février 1525, Philippe de Croy, seigneur d'Arschott, l'un des chefs de l'armée de Charles Quint s'en empara. En 1557, les Français qui venaient de réoccuper Hesdin, perdu en 1526, mirent dans le château de Fressin une garnison composée de Gascons et d'Italiens. En juillet 1544, pendant que les Anglais assiègent Montreuil, un détachement de leurs hommes occupe le château de Fressin avec pour mission de protéger le passage de leurs convois de vivres. Les Français de la garnison d'Hesdin vinrent un jour enlever ce poste par surprise. Il devait être finalement repris aux français en 1552 par Adrien de Croy, comte de Roeulx, général des armées impériales. Le château tomba ensuite dans l'oubli. En 1639 la prise d'Hesdin rattacha définitivement le pays à la France. Mais la révolte de Balthazar de Fargues devait être fatale au vieil édifice. Cet aventurier s'était rendu maître d'Hesdin, avec le soutien de l'Espagne. Il fit détruire tous châteaux environnants. En 1658 celui des sires de Créquy fut donc détruit à l'explosif.

Avec les domaines de Fressin et Créquy, les vestiges passèrent par alliance des Créquy-Blanchefort aux la Trémoille, puis aux la Tour d'Auvergne. Sous la révolution ils furent vendus à un meunier qui les restitua en 1804 à leur ancien propriétaire. En 1852, les héritiers de la marquise de Dufort-Civrac, née la Tour d'Auvergne, les cédèrent au baron de Seillière. Ensuite, changeant de nombreuses fois de propriétaires, les vestiges tombèrent dans l'oubli et la nature reprit ses droits.

Depuis 1993 des fouilles archéologiques ont été entreprises et ont mis à jour des souterrains, des salles, des puits qui sont désormais ouverts au public. Le site par lui-même s'est agrémenté également d'un jardin médiéval avec deux conservatoires de plantes uniques en Europe. Il comprend également un bestiaire, un jardin d'Eden... Il ne s'agit donc pas d'un parc floral ou d'un jardin paysager classique et à ce titre l'association Sub-Artésia a effectué un travail remarquable avec Guy François. "Ici le temps s'est arrêté avec le départ des hommes : haines, amours, fureurs, se sont éteintes. Il n'y a plus que ruines et vestiges, mais la vie a conservé ses droits : arbres et plantes ont occupé le terrain, les oiseaux ont repris leurs chants."

Durant quelques années, des bénévoles ont essayé de faire revivre ce château chaque été au travers un "Son et Lumière", consacré à la légende de Raoul de Créquy, qui a remporté à chaque fois un vif succès. Puis l'Association du Château a pris le relais pour gérer et donner vie au site. Avec là aussi un certain succès. L'Association des nuits enchantées propose aussi tous les étés un spectacle nocturne avec Dame Brunehilde qui rencontre un franc succès. Les vestiges du château sous la lune ont un autre charme. 

Découvrez les ruines du château vues du ciel sur cette magnifique vidéo réalisée par l'Association des Espaces Fortifiés des Hauts de France

 

    


L'église Saint-Martin est un autre des joyaux du patrimoine local.
De style flamboyant, sa construction a commencé en 1425.
Georges Bernanos y a puisé son inspiration et il évoque son histoire dans deux romans "Le journal d'un curé de campagne" et "Sous le soleil de Satan".
L'église se dresse au centre du village et comprend un chœur flanqué au nord d'une chapelle seigneuriale, un transept saillant et une nef à bas-côtés.
                                                  

Le chœur se termine par une abside à trois pans, la chapelle par un chevet plat; le clocher a été érigé au-dessus du carré du transept; dans la chapelle se trouve un vaste sarcophage en marbre noir : le tombeau de Jean IV de Créquy et Jeanne de Roye; l'autel porte un retable, classé XVème siècle.
Toute la construction est en craie du pays taillée et montée sur un soubassement en damier de grès et de silex; parmi le mobilier il convient de signaler la chaire datant de 1779.

L'édifice a été commencé en 1425 par la chapelle, le chœur et le transept. La nef et les collatéraux sont moins anciens. On les date de la fin du XVème ou du début du XVIème siècle et on les attribue à la générosité d'un arrière-petit-fils de Jean IV de Créquy et Jeanne de Roye : François de Créquy, seigneur de Douriez et ambassadeur de France auprès du roi d'Angleterre. Voilà qui explique l'insolite présence à Fressin de chapiteaux de style anglais. En mai 1525 l'incendie qui ravage Fressin, provoque l'écroulement partiel de la nef et du collatéral sud. L'église fut restaurée en 1530 mais revoûtée vers 1690. Au XIXème siècle elle fut sauvée d'une mort lente par l'un des curés de la paroisse : l'abbé Bonhomme et l'administration des Beaux Arts l'a classée monument historique le 11 septembre 1906.

Pour découvrir les éléments remarquables de l'église, consulter les panneaux patrimoniaux du plan ci-dessous.

 

Plan établi par Benoît Sailly, architecte dans le cadre de son mémoire, « Fressin : l'église des Créquy », 1985.


Les éléments patrimoniaux de l'église (nombres de 1 à 21) sont décrits sur 21 panneaux fixés par groupe sur des pupitres ou individuellement sur un mur (localisés dans l'église par les lettres A à H).
Pour visualiser un panneau, cliquez sur le nombre correspondant dans la liste ci-dessous.
Une fois le panneau affiché, vous pourrez cliquer sur le QR Code figurant en bas à droite du document pour ouvrir une fiche descriptive donnant des informations complémentaires.
Conseil : pour ouvrir la fiche liée à un QR COde dans une nouvelle fenêtre (et ainsi conserver ouverte la fenêtre du panneau) :
faites un "Shift" + clic sur le QR Code plutôt qu'un simple clic

 

A   Sur cloche en verre E  Sur mur de la chapelle seigneuriale au-dessus du tombeau
      1 : La maquette de l'église        11 : le tombeau
B   Sur pupitre, dans la nef latérale Nord F  Sur pupitre, derrière une balustrade, à gauche du choeur
      2 : l'orgue Cavaillé-Coll        12 : le maître-autel
      3 : les fonts baptismaux        13 : la litre funéraire et les croix de consécration  
      4 : les boiseries         14 : la statue de saint Antoine l'Ermite
      5 : le grand christ doxal  G  Sur pupitre, dans la chapelle Saint-Joseph
      6 : les chandelles         15 : la chapelle Saint-Joseph
C  Sur pupitre, dans la chapelle du rosaire        16 : la statue de saint Benoît Labre
      7 : la chapelle du rosaire         17 : la statue du curé d'Ars
      8 : la statue de saint Antoine de Padoue        18 : la statue de saint Louis de Gonzague
D  Sur mur de la chapelle seigneuriale à gauche du tombeau H  Sur  pupitre, nef latérale sud, à droite du confessionnal
      9 : la chapelle seigneuriale ou Saint-Jean        19 : la statue de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus
     10 : le retable du couronnement de la Vierge        20 : la statue de Jeanne d'Arc
         21 : la statue de la charité de saint Martin

 

Le travail de création de cette nouvelle signalétique dans l'église  est une réalisation des Amis du Patrimoine de Fressin et des environs, avec le concours de nombreux partenaires (Commune de Fressin, Office de tourisme Haut-Pays Côte d’Opale, Réseau Eglises Ouvertes France, Comité d’Histoire du Haut-Pays, Mécénat privé, Association d’insertion Eureka).